Un film de Hind Meddeb et Thim Naccache

Paris Stalingrad de Hind Meddeb & Thim Naccache – 86mn – 2019 – France (Les films du Sillage – Echo Films)

Le film :

Paris, été 2016. Des hommes et des femmes arrivent du Soudan, d’Ethiopie, d’Erythrée, de Somalie, de Guinée, du Nigéria, d’Afghanistan, d’Iran, du Pakistan, avec l’espoir d’échapper à la guerre et aux con its ethniques qui déchirent leurs pays. À leur arrivée ils n’ont pas d’autre choix que de dormir à la rue. Ils se regroupent sur des campements de fortune autour du métro Stalingrad. En racontant l’histoire de Souleymane, adolescent de 18 ans, réfugié du Darfour, je retrace aussi l’histoire récente du parcours infernal des exilés dans Paris. Torturé par les milices soudanaises, mis en esclavage par des bandes armées dans les mines d’or au Tchad et au Niger, enfermé dans les prisons libyennes, jusqu’au jour de sa traversée clandestine et de son sauvetage en Méditerranée, l’odyssée de Souleymane aura duré cinq longues années. L’écriture poétique lui donne la force de rester en vie et de surmonter les violences subies tout au long de son périple. Grâce à un tournage au long cours, je reconstitue dans le lm une géographie parisienne de l’exil. En suivant Souleymane, on découvre la vie du quartier Stalingrad, laquelle est indéniablement changée par la présence des exilés : les campements de rue, les interminables les d’attente devant les administrations, les descentes de police, mais aussi la mobilisation de certains habitants du quartier pour les soutenir. Ma caméra témoigne de la transformation d’une ville. À chaque étape de la vie de Souleymane, je mesure combien Paris se ferme aux étrangers. 

Biographie :

Hind Meddeb :

Dans son premier film, De Casa au paradis, Hind Meddeb part à la rencontre des habitants du bidonville Thomas à Sidi Moumen dans la banlieue de Casablanca, sur les traces des quatorze jeunes Marocains qui ont perpétré les premiers attentats suicides de l’histoire du Maroc. Au Festival International du Film d’Abu Dhabi, Danny Glover alors président du jury lui remet le Bronze Award et le Best Treatment Award. Au FIGRA le film reçoit la mention spéciale du jury. Entre 2011 et 2013, à l’heure du printemps arabe, elle réalise deux longs métrages documentaires sur la création musicale comme acte révolutionnaire. Dans les bidonvilles du Caire, elle découvre un nouveau son, associant pop, musique électronique et slogans politiques. Avec son film Electro Chaâbi, elle rebaptise le mouvement des Mahraganatégyptiens et révèle un nouveau genre musical. Sélectionné au BFI London Film Festival en 2013, le lm est ensuite programmé dans des dizaines de festivals à travers le monde et reçoit le prix de l’Académie Charles Cros. En Tunisie, Hind Meddeb partage la lutte des rappeurs tunisiens contre les violences policières et la corruption du monde politique. Tunisia Clash, prend la forme d’un road movie intime, au moment où le rappeur Weld el 15 est en cavale, dans l’attente de son procès. Elle traverse avec lui la Tunisie postrévolutionnaire. Sur cette route, artistes, militants, citoyens ordinaires lui content leurs rêves et leurs espoirs : entre constat amer, désir de révolte et soif de liberté. Sélectionné aux Journées Cinématographiques de Carthage, le film continue de circuler dans les festivals et de faire l’objet de programmations spéciales. 

Thim Naccache :

Scientifique de formation, Thim Naccache se forme aux métiers du cinéma au sein du European Film College au Danemark, où, en 2005, il réalise son premier court métrage, Breaking in. En 2006, il se rend en Bolivie avec Grégory Shepard pour rencontrer Evo Morales, candidat à la présidentielle. Pendant quatre mois, ils le suivent pendant sa campagne. Le documentaire La Voie d’un Peuple raconte comment pour la première fois, un paysan Amérindien parvient au sommet de l’État dans un pays d’Amérique latine. Sur ce film, Thim Naccache est à la fois chef opérateur et monteur. Il rencontre Hind Meddeb au lycée et réalise avec elle le montage de son premier film, De Casa au Paradis. En 2013, il réaliseMisconception, sélectionné au Festival International du Court Métrage de Berlin. Le 4 janvier 2019, il assiste Joseph Paris à la réalisation du projet Mourir Gracieusement, un film-rituel de 24h diffusé en live sur Youtube. En 2016, lors d’un tournage documentaire dans le camp de Grande-Synthe, Thim Naccache entend parler pour la première fois de l’existence du camp de Stalingrad. Surpris par la faible couverture médiatique accordée à ce site situé en plein Paris, il commence à filmer le quotidien des exilés qui y vivent. Avec Hind Meddeb, il s’engage dans un tournage au long cours.